Archives de catégorie : Conseils pratiques

Attention aux canines incluses

Exemple radiologique d’une canine mandibulaire incluse, avec migration vers le côté opposé.

Il arrive que, par la suite de la chute d’une dent de lait, ou même plus tôt, une dent définitive ne fasse pas éruption de manière naturelle. On parle de rétention dans un premier temps, puis d’inclusion, voire d’ankylose.

Les dents les plus sujettes à cette évolution pathologique sont les canines, dont l’apparition normale en bouche se situe autour de l’âge de 10-11 ans. Il s’agit d’une anomalie de la croissance et du développement facial, dont l’incidence, selon les études, s’établit entre 1 et 2,5%.

Les causes sont variées, aléatoires et imprédictibles: obstruction anatomique des tissus durs, lésions muqueuses, anomalies anatomiques de la canine maxillaire elle-même ou dents contiguës, facteurs génétiques probables, antécédent traumatologique, ou une association de ces causes aboutissant à un milieu biologique propice.

Un diagnostic clinique précoce est donc fondamental, dès l’âge de 8 à 10 ans, ce qui permet de réduire significativement les complications, notamment la nécessité d’une prise en charge orthodontique avec chirurgie d’exposition.

Le traitement de désinclusion primaire consiste en une orthodontie conventionnelle afin de créer de l’espace sur l’arcade. Une étude portant sur 28 adolescents âgés de 11,4 à 16,1 ans, ayant une canine maxillaire incluse, a montré que l’orthodontie seule aboutit à une mise place sur l’arcade dans 75% des cas, le reste devenant des indications d’exposition chirurgicale avec traction.

En dépit de prises en charge correctes, les échecs demeurent fréquents. Une étude réalisée sur un échantillon de 37 canines maxillaires incluses ayant résisté à la désinclusion a montré que les tentatives infructueuses avaient pu s’étendre sur une durée allant de seulement 9 mois jusqu’à plus de 3 ans et demi.

En cas d’échec, ou de diagnostic trop tardif, l’alternative est souvent l’extraction de la dent incluse et une approche prothétique de la restauration de la fonction et du sourire.

Conseil: un enfant entre 6 et 12 ans devrait toujours être présenté au dentiste tous les 6 mois, afin de vérifier l’harmonie et la bonne chronologie du remplacement des dents de lait par les dents définitives, ce qui impose un examen et des radiographies régulières.


Dentiste et endocardite

Img-endocardite-infectieuse

L'endocardite «lente», encore appelée «maladie d'Osler», est une affection grave de l'enveloppe intérieure du cœur. Elle peut s'installer chez certains patients prédisposés qui présentent un «risque oslérien», suite à des manipulations qui provoquent naturellement le passage de bactéries dans le sang.

C'est le cas de certains actes chez le dentiste, mais aussi chez d'autres prestataires comme le gynécologue, le gastro-entérologue, ou même la pédicure.

Les patients prédisposés sont ceux qui présentent une malformation fonctionnelle des valves cardiaques, comme un reflux mitral par exemple, ceux qui ont déjà été opérés des valves, et ceux qui ont présenté dans la jeunesse un rhumatisme articulaire aigu.

Pour ces patients bien précis, le dentiste prescrit un antibiotique en prévention avant les séances de soins un tant soit peu invasives. C'est ce que l'on appelle l'antiobioprophylaxie.

Cependant, le protocole de l'antibioprophylaxie est très différent de celui du traitement d'une infection installée; il est issu de recommandations internationales publiées et mises à jour par l'Association américaine des cardiologues. Sauf en cas d'allergie, l'antibioprophylaxie prévoit une prise unique de 2 grammes d'amoxicilline une heure avant la séance de soins. Ce protocole spécifique couvre correctement le patient, et réduit considérablement les risques de résistance bactérienne, en comparaison avec une prise de plusieurs jours.

Dans une enquête récente publiée dans le JAMA (Journal de l'association américaine des médecins), des chercheurs de l'Université de l'Illinois ont révélé que 80% des dentistes des Etats-Unis ne respectent pas ce protocole réputé idéal, et que, dans d'autres pays, cette proportion varie de 50 à 80%.

Conseil: parlez toujours à votre dentiste de votre situation médicale générale, et demandez-lui d'appliquer les protocoles préventifs reconnus.

 

Détartrage. Pour quoi? Quand? Comment?

Le tartre est constitué de biofilm
(c’est-à-dire d’un ensemble de microbes différents) calcifié sous l’effet de la
salive. Son apparition est très variable, d’une personne à l’autre, dépendant
de la composition salivaire, de la santé générale, des microbes naturellement
présents en bouche, de facteurs environnementaux, et bien entendu de la
fréquence et de la qualité des soins locaux quotidiens réalisés.

Une fois déposé, le tartre adhère fortement
aux tissus dentaires, particulièrement au cément qui recouvre les racines, ce
qui implique qu’il faut une intervention professionnelle pour l’ôter.

Pour quoi procéder à un détartrage?

Le détartrage, au-dessus et en dessous des
gencives le cas échéant, est nécessaire pour trois raisons:

  • Le tartre représente un environnement qui
    n’est pas compatible avec la bonne santé des gencives. En effet, sa morphologie
    rugueuse et obstructive favorise la pullulation de microbes à l’origine des
    maladies parodontales (déchaussement). Un signe fréquent de cette évolution est
    l’apparition d’halitose (mauvaise haleine) en même temps que la prolifération
    de tartre.
  • Lorsque le déchaussement est installé, le
    tartre s’oppose à la cicatrisation des gencives et à ce que les professionnels
    appellent le «gain d’attache».
  • Le tartre, et les nombreuses colorations
    dentaires exogènes qui l’accompagnent souvent, sont particulièrement
    inesthétiques et véhiculent une image négligée.

Quand procéder à un détartrage

Idéalement, il faut intervenir aussi souvent
que nécessaire, c’est-à-dire dès l’apparition du début d’un dépôt.

Dans la pratique, la fréquence varie d’un
patient à l’autre:

  • Pour un patient sans maladie parodontale et
    dont le risque est faible, la fréquence peut varier d’une séance semestrielle à
    une séance annuelle.
  • Pour un patient avec un antécédent de
    maladie parodontale, ou dont le risque est élevé, la fréquence varie d’une
    séance tous les 3 mois à une séance tous les 6 mois.
  • Pour un patient en phase active de maladie
    parodontale, le détartrage initial peut prendre plusieurs séances, et est suivi
    d’une maintenance tous les 3 à 6 mois.

Attention 1. Dans certains cas, le
détartrage n’est pas suffisant. Il est alors nécessaire d’y ajouter un
programme de soins locaux spécifiques à réaliser par le patient, deux fois par
jour.

Attention 2. L'absence de tartre visible ne signifie pas que le patient soit à l'abri de problèmes de gencives. Le biofilm provoquant la maladie peut être présent même sans tartre.

Detavant
Patient présentant de nombreux dépôts de tartre avec gingivite (inflammation de la gencive au contact du tartre). Le risque parodontal étant faible, ce patient ne présente pas pour autant de maladie active et un détartrage d'emblée est indiqué.

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Après détartrage, la cicatrisation de l'inflammation surviendra généralement en moins de 48 heures.

Comment se pratique un détartrage?

Dans tous les cas, il est nécessaire de
connaître le risque parodontal du patient avant de commencer toute manœuvre. En
effet, un détartrage non réfléchi peut se révéler désastreux et résulter en
déchaussement plus important, ce qui est contraire au but recherché. Il est
donc nécessaire de s’assurer d’abord qu’aucun processus actif n’est en cours: cette procédure peut être rapide pour un patient suivi de longue date, ou prendre une séance en soi pour un nouveau cas.

Lorsque cette précaution est prise, ou lorsqu'une phase active a pu être stoppée, le
détartrage est réalisé mécaniquement avec des instruments stériles sonores ou
ultra-sonores. Il est essentiel que le dentiste respecte le cément (le tissu
qui recouvre la racine): pour cette raison, les instruments manuels sont
réservés à des situations particulières.

Le détartrage peut nécessiter, en fonction de
la situation propre au patient, une séance de 30 minutes ou plusieurs séances
d’une heure. Une anesthésie locale de confort est souvent pratiquée, lorsque
les instruments doivent désinfecter des surfaces situées sous les gencives.

Il n’y a aucune conséquence ou douleur après
un détartrage respectueux de la biologie des tissus buccaux.

Le conseil de solutiondentaire.be:

Chaque patient devrait faire procéder à une évaluation individuelle de son risque parodontal, et déterminer avec le dentiste la fréquence idéale des séances de détartrage et de suivi.

L’aphte. Qu’est-ce au juste? Que faire?

Dans l’éventail des lésions blanches de la muqueuse buccale, l’aphte occupe la position la plus basse du point de vue de la gravité. Il ne s’agit que d’une réaction inflammatoire exagérée (douloureuse) à un stimulus mineur.

Pourquoi survient-il chez certains patients plus souvent que chez d'autres? On ne le sait pas, même si l'on suspecte une composante génétique.

Il est parfois associé à un régime particulier, et souvent à des problèmes dentaires ou parodontaux (gencives), même si le patient n'en a pas conscience.

L'aphte se développe en quatre phases successives:

• le prodrome de 24 heures, avec sensations de
brûlure ou démangeaison (prurit)

• la phase pré-ulcérative associée à des
macules ou papules, voire des bulles de courte durée

• la survenance d’une ou plusieurs ulcérations
douloureuses, pouvant prendre diverses formes cliniques, plus ou moins
œdémateuses, superficielles ou profondes, ponctuelles ou atteignant le
centimètre, isolées ou en bouquets… mais toujours exemptes d’adénopathie
satellite (ganglions) et toujours accompagnées d’une périphérie inflammatoire rougeâtre en halo —
ce qui permet de les distinguer des ulcérations d'origine mécanique (prothèse)

• la guérison, ne dépassant généralement pas
10 jours, avec réparation sans cicatrice

 

Aphte
Aphte banal au stade de l'ulcération © solutiondentaire.be

 

En cas d’aphtose régulière, il
convient d'abord de consulter le dentiste.
 En fonction de son examen de bouche, ce dernier peut aussi orienter vers le médecin traitant, afin
d’établir le diagnostic différentiel classique de l'aphtose récidivante:

• syndrome de Behçet

• immunodépression (aphtoses herpétiques)

• maladies du tube digestif (Crohn, colite
ulcéreuse, intolérance au gluten…)

• carences vitaminiques (B12, acide folique),
souvent secondaires au point précédent

• infections virales (mononucléose,
papillomavirus, VIH…)

• lymphome

À noter que si l’aphte ne présente aucun potentiel de transformation cancéreuse, la mucite post-radique (sécheresse de la bouche, suite à des rayons pour traiter un cancer du pharynx, par exemple) fait le lit
d’une aphtose récidivante.

Le conseil de solutiondentaire.be en cas d'aphte buccal:

1. Traiter ponctuellement au moyen d'un gel cautérisant (exemple: Urgo) en veillant à respecter les indications de la notice.

2. En cas d'aphtes fréquents, consulter le dentiste pour vérifier si des problèmes bucco-dentaires n'en sont pas la cause.

Extraction dentaire: que faire?

L’extraction n’est pas l’acte dentaire le plus
valorisant. Parfois néanmoins, il faut en passer par là, dans le but de
reconstruire une solution de long terme sur des bases solides. C’est un peu la
«part du feu» des sapeurs-pompiers…

Il s’agit d’une prestation de routine, mais
qui demande des précautions de bon sens, qui sont aussi valables pour les
autres interventions de petite chirurgie buccale. Que faire dans ces situations,
pour que tout se passe le mieux possible?

  • Avant le rendez-vous

– Respectez les prescriptions éventuelles du
praticien (antibiotique, anti-inflammatoire…)

– Si vous êtes traité au long cours par des
médicaments pour votre santé générale, parlez-en toujours au dentiste avant de
programmer le rendez-vous. Des précautions spécifiques sont peut-être
nécessaires. Les médicaments impliqués sont, entre autres: les
anticoagulants (Sintrom®, Marcoumar®, Marevan®…), les antiagrégants
(Cardioaspirine®, Asaflow®…) et les biphosphonates (Fosamax®, Actonel®,
Aredia®…)

– Venez à la séance détendu, et peut-être
accompagné par un chauffeur si ce conseil vous est prodigué spécifiquement

  • Après le rendez-vous

– Respectez les prescriptions éventuelles du
praticien (antibiotique, anti-inflammatoire…): elles permettent de
limiter les inconforts et les gonflements éventuels

– Afin d’éviter les saignements intempestifs,
mordez sur une compresse de gaze durant au moins 30 minutes; répétez
l’opération autant de fois que nécessaire

– Ne rincez pas la bouche durant 24 heures
(ceci inclut une interdiction de piscine), et évitez les boissons
chaudes; adaptez vos repas durant plusieurs jours en évitant les aliments
piquants ou tranchants

– Respectez les sutures, même si elles
deviennent lâches en raison de la cicatrisation tissulaire: elles sont
généralement composées de matériau résorbable et disparaîtront d’elles-mêmes au
moment opportun

– Ne fumez pas durant une semaine (et profitez
de l’occasion pour arrêter définitivement)

Fracture ou avulsion d’une dent: les gestes qui sauvent

Les traumatismes dentaires avec fracture d’un
morceau de la dent, voire même l’avulsion complète d’une dent, demeurent un
épisode fréquent, particulièrement chez l’enfant et l’adolescent. En effet, chez
ces jeunes  patients, la maturation
des tissus soutenant les dents n’est pas terminée.

 

Que faire?

Retrouvez la dent avulsée ou le morceau
fracturé. Assurez leur conservation dans un milieu humide en limitant les
manipulations. L’idéal est de les plonger tels quels (non nettoyés) dans une
solution physiologique. À défaut, vous pouvez utiliser du lait (les
mini-berlingots unitaires présents dans toutes les cafétérias de salle de
sports conviennent).

  • S’il s’agit d’une fracture, prenez rendez-vous
    avec votre dentiste pour évaluer la possibilité de recoller le morceau
    fracturé.
  • S’il s’agit d’une avulsion (chute ou
    déplacement d’une ou plusieurs dents), essayez de consulter le dentiste le plus
    proche. Quelques gestes peuvent permettre de repositionner et maintenir les
    dents sur l’arcade.


Sig1
Incisives avulsées chez une enfant de 10 ans durant des jeux de courses. Ces dents doivent être placées telles quelles dans du liquide physiologique ou du lait, puis un dentiste de proximité doit poser les gestes adéquats dans l'urgence © solutiondentaire.be

 


Sig2
Les incisves ont été repositionnées et la gencice est suturée. Les dents porteront ensuite une attelle souple durant deux semaines © solutiondentaire.be

 

Évolution

En cas de fracture dentaire, le pronostic peut
être réservé, en fonction des circonstances exactes de l’accident. Il faudra toujours s’assurer que la dent est restée vivante après ce
traumatisme. Si tel n’est pas le cas, le traitement endodontique
(«dévitalisation») sera prescrit et réalisé à l’âge adéquat. Une
médication de temporisation peut être nécessaire.
Le grand défi de ce type de situation est de laisser
poursuivre la croissance naturelle de la racine.

En cas d’avulsion, la dent réimplantée subit
un phénomène d’ankylose, ce qui signifie qu’elle se soude aux tissus
environnants. Par la suite, elle se résorbe en laissant la place à l’os,
processus qui peut durer de longues années au cours desquelles le patient
oublie presque l’accident. Toutefois, il arrive souvent un stade où une
reconstruction prothétique s’avère nécessaire. Les implants constituent
généralement une solution de choix dans ces circonstances.

 

Prévention 

Il important, quoique difficile, de
sensibiliser enfants et adolescents, mais aussi les moniteurs, les éducateurs
et les enseignants, aux dangers encourus lors des jeux et des sports.

Des activités anodines, comme la natation ou
le cyclisme, représentent des risques élevés de traumatisme dentaire.

Pour certains sports, un protège-dents est
absolument indispensable. Il doit être conçu sur mesures. Les systèmes prêts à
porter du commerce n’apportent en aucune manière le minimum de sécurité
nécessaire.

Enfin, certaines implantations dentaires
rendent le risque encore plus élevé: il s’agit des «classes
II» dentaires où les incisives supérieures sont proéminentes. Cette seule
circonstance devrait inciter à exclure certains sports ou activités (hockey…),
en attendant la bonne fin d’un traitement orthodontique ou orthopédique.

Vos médicaments périmés:
juste bons pour la poubelle?

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Tous les médicaments comportent légalement une date de péremption. Il s’agit de la date ultime de garantie, pour le fabricant pharmaceutique. Mais un médicament ne devient évidemment ni inefficace ni dangereux dès le lendemain…

Pour en savoir plus, et diminuer son budget, l’Armée américaine a commandé une étude portant sur plus de 100 médicaments différents, dont il est ressorti que 90% de ceux-ci étaient toujours efficaces et sans danger 15 années après la date de péremption.

Par ailleurs, le stockage des médicaments au réfrigérateur augmente encore la durée de leur efficacité et de leur innocuité.

Il existe cependant des exceptions: les antibiotiques liquides, la trinitrine et l’insuline. Mieux vaut utiliser ces substances avant la date de péremption, pour plus de sécurité quant à la dose réellement absorbée.

Moralité: il est bien rare de devoir jeter un médicament dont la date de péremption est dépassée. Et si tel est cependant le cas, confiez-le à votre pharmacien, qui le placera dans la filière de recyclage.